Par lecoqgourmand
Ici, rien ne semble forcé, rien ne paraît démonstratif et tout est juste. Cette justesse, on la doit au talent d’Orfeo Ruspoli, héritier d’une famille dont le nom évoque autant l’art de vivre que la culture : on pense notamment à Alessandro Ruspoli dont il était proche, le neuvième prince de Cerveteri, figure flamboyante de la dolce vita qui recevait à sa table Picasso, Vian ou Dalí. Il y a, dans la manière dont Orfeo compose ses assiettes, quelque chose de ce raffinement naturel, de cette élégance sans esbroufe. Son premier talent est de savoir acheter : choisir la denrée exacte, au juste prix, celle qui porte en elle un potentiel que la cuisine saura révéler sans l’altérer. Avec lui pas de subterfuge ou d’effets inutiles, mais une cuisine droite, lisible, précise, ancrée dans l’évidence du produit. Les connaisseurs apprécieront c’est certain la précision dans les cuissons, les accords qui sonnent juste et cette petite pointe d’audace qui fait la différence.

Orfeo Ruspoli
Une formule à 25 € qui change à chaque déjeuner
Notre dernier déjeuner l’a une fois de plus confirmé cette bonne impression avec des petits acras de merlu accompagnés d’un aïoli au citron vert, parfaitement croustillants et parfumés, des harengs fumés, marinés et délicieusement fondants accompagnés de pommes vapeur et un filet de bar à la plancha, légumes verts (crème de topinambour, citron) de très belle facture. En desserts, le Cheesecake au Philadelphia et le Crumble aux pommes, pointe de spéculos assuraient le jour de notre visite (la formule change chaque jour) une conclusion plus que gourmandes. Pour accompagner ce repas futé nous avons un verre d’un très beau Laudun blanc 2024 de Joseph Viola & Michel Chapoutier qui s’est distingué par son côté floral et vif, marqué par une minéralité fraîche et une finale subtile. Sa présence sur l’ardoise confirme le soin apporté par la maison à la sélection : des vins au verre dès 5 €, une gamme courte mais cohérente, mêlant pinots bourguignons, syrahs rhodaniennes, blancs de Loire, cuvées biologiques bien choisies et même quelques sakés, comme un clin d’œil à l’ouverture d’esprit du lieu
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Une adresse sûre et attachante
La carte du soir prolonge cette dynamique avec une belle série de plats à partager, qui permettent un véritable vagabondage gourmand : écrevisses marinées à la coriandre, terrine de cerf au Sauternes, acras au thon, mini camembert rôti au miel, mais aussi des suggestions plus cuisinées comme le paleron de bœuf fondant aux carottes, l’agneau de sept heures, le carré de cochon ibérique ou le wok de gambas et légumes croquants. Là encore, sincérité, régularité et générosité dictent la partition. On retrouve dans la salle le même esprit : un décor de bistrot contemporain chic, une belle verrerie, les ardoises du jour, la cuisine en fond de salle et une atmosphère presque familiale, nourrie par la présence fidèle des habitués. C’est sans doute ce qui fait la rareté d’Orphée : cette impression d’être accueilli dans un lieu qui ne cherche pas à séduire à tout prix, mais séduit parce qu’il reste fidèle à lui-même. En somme, une adresse désormais sûre, attachante et maîtrisée, où il est toujours plaisant de revenir et que nous vous suggérons de redécouvrir sans tarder.
Formule déjeuner à 25 € – Carte : à partir de 30 € hors boisson
Orphée 30, rue Broca – 75005 Paris Tél. 01 71 60 92 46

vue sur la rue de Broca
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