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C’est le moins que l’on puisse dire, la venue de Pamela Anderson, mardi soir à l’Assemblée Nationale, n’est pas passée inaperçue. L’actrice américaine était l’invitée de Laurence Abeille, députée écologiste du Val-de-Marne et de la Fondation Brigitte Bardot pour défendre une proposition de loi visant à interdire le gavage d’oie et de canard. Une intervention pour le moins surprenante et plutôt malvenue dans un contexte de grippe aviaire qui touche de plein fouet une filière déjà bien fragilisée. Et si personne ne peut contester à l’actrice le droit de mettre sa notoriété au service d’une cause qui manifestement la préoccupe vraiment, c’est à la force invitante – notre chère députée- qu’il convient de poser la question : était-ce l’urgence du moment ? D’autant que la charge n’a servi à rien puisque l’ensemble des élus –pour une fois solidaires- s’est montré hostile à cette proposition de loi qui, ici, chez nous en France, a des allures de provocation.

Provocation,  sensationnalisme, outrance : voilà bien les ingrédients des différentes associations qui, sous prétexte de prôner un mode de vie différent à leurs adeptes – ce qui est leur droit absolu-, entendent interdire aux autres les pratiques qui leurs déplaisent. Personne n’est contre le bien-être animal et tout le monde s’affaire pour que les dérives d’hier, car il y en eu, ne soient plus que des lointains souvenirs. Particulièrement contraignants lorsqu’il s’agit d’élevage, les directives se multiplient au fil des temps et permettent de mieux faire. C’est le cas bien entendu pour ce qui concerne l’élevage de canard et d’oie destinés à la production de foie gras et je ne pense pas que la France, contrairement à certains pays de l’Est, soit le pays où rien n’a été fait depuis dix ans. Mais ce n’est pas vraiment le problème. Car avant d’écouter le message à charge des militants de l’interdit, il faudrait peut-être commencer par regarder qui nous parle. Si je prends l’association de L214 qui permet à ses adhérents de bénéficier d’un abattement fiscal – forme de subvention supportée par l’ensemble de la population- le combat est tout autre. C’est non seulement pas de foie gras, mais pas de viande, pas de poisson, pas de lait, pas de miel ( !), pas de laine et pas de cuir. En fait, tout ce qui pourrait provenir d’un animal est proscrit. Tout comme est niée le statut d’omnivore qui nous est, quoi qu’on en pense, dicté par la nature. Il en va autrement, bien sûr, lorsqu’un loup ravage un troupeau de plus de cent moutons pour n’en grignoter que la moitié d’un. Là, la nature est bien comprise. Elle est même louée, glorifiée et ces mêmes associations ou leurs cousines vont se battre pour la réimplantation de ces prédateurs légitimes. L214 comme les autres se moquent pas mal de savoir ce que pense vraiment la population qu’elle conduit toujours à réagir sous le coup d’une émotion téléguidée – scandales, images chocs…-, elles balaient d’un revers de manche tous les arguments scientifiques qui contredisent leur argumentation et, naturellement, se moquent bien de savoir si leur action, au final, ne va pas conduire des familles au chômage et des entreprises à la ruine. Je n’écris pas cela pour exonérer les abus, la maltraitance flagrante. Simplement, je m’interroge sur le bienfondé de ces actions alors que l’on attendrait plutôt ces apôtres du végétalisme s’inquiéter de la prolifération des OGM et pourquoi pas du stress de la carotte. L’Etat, qui allège l’impôt de celles et ceux qui cautionnent ce type d’association par leur adhésion (66% de leurs dons sont déductibles de leurs impôts), a une position particulièrement ambiguë qui demande quelques explications.

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