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J’éprouve toujours le même plaisir à lire le site de Romain Redoin – La Vie Culinaire– dont la liberté de parole appelle le respect. Pâtissier de profession, ce gaillard ne passe pas ses journées à attendre une invitation d’un trois étoiles et cela se voit. Il ose poser les bonnes questions. La dernière en date fait suite au reportage de Cash Investigation : « Industrie agroalimentaire : business contre santé » présenté par Elise Lucet sur France 2. Il y  était notamment question du nitrite de sodium (E250)*, puissant conservateur utilisé pour donner une belle couleur et du poids supplémentaire au jambon industriel (mais pas seulement). Ce composant dont la manipulation en usine est particulièrement dangereuse est reconnu depuis des lustres comme étant clairement néfaste pour la santé. Ce qui donné l’idée à ce Romain taquin de se demander ce que pouvaient en penser pensaient Marc Veyrat, star un temps des spots publicitaires du jambon Madrange et Joël Robuchon, collaborateur historique de la société Fleury Michon qui utilise encore ce fameux nitrite de sodium. Mais si…

Et de soulever dans la foulée la question du double langage dont usent (et abusent) les stars des fourneaux dont on est en droit d’attendre qu’elles soient, au moins sur ce type de sujet, à la fois irréprochables et exemplaires. Il ne suffit pas d’avoir l’indignation « choisie » en dénonçant par exemple les pratiques de sociétés avec lesquelles on n’est pas sous contrat pour se laver les mains. Il faut des actes. Et le premier d’entre eux, c’est d’arrêter de cautionner publiquement des pratiques discutables. Je ne dis pas que les grands chefs ne doivent pas travailler avec l’industrie agro-alimentaire, ils peuvent très certainement- et je sais que Joël Robuchon l’a fait-  aider à son amélioration. Mais je dis qu’ils ne doivent pas inciter –via l’utilisation de leur image- à consommer des aliments dont la liste des ingrédients comporte des éléments néfastes pour la santé.

Mais la vérité, et Romain Redoin le dénonce comme d’autres avant-lui, vient du fait que l’industrie agro-alimentaire tient dans sa main l’ensemble de la planète « grands chefs » qu’elle couve depuis l’école en parrainant l’ensemble (ou presque) des concours et des supports (guides gastronomiques compris) utiles à leur promotion.  « En tant que grand chefs soucieux de la qualité des produits que nous ingérons au quotidien, commente le patron de La Vie Culinaire, ils auraient logiquement dû être les premiers à s’interroger, et même avertir les consommateurs, sur les risques potentiels de certains ingrédients contenus dans les jambons dont ils nous vantent pourtant les mérites à travers leurs spots et emballages publicitaires. D’autant plus, ajoute-t-il faussement naïf, que ces dernières décennies les grands cuisiniers ne se contentent plus d’être de simples artisans, mais revendiquent également être des acteurs de la société civile dans laquelle ils prétendent parfois tenir un discours radical envers la malbouffe moderne issue de la société occidentale. » Tout est dit. Combien de Cash Investigation faudra-t-il pour que la situation évolue? La réponse est dans l’attitude qu’adopteront les consommateurs encore beaucoup trop passifs dans leurs choix. Et encore bien trop méfiants vis-à-vis des lanceurs d’alerte considérés comme des fouilles poubelles et des empêcheurs de (mal)manger en rond.

J’invite ceux qui doutent encore à lire cette note édifiante : http://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_169&section=pathologieToxicologie

(http://www.fleurymichon.fr/produit/jambon-cuisine-los-joel-robuchon) .

Pour lire l’article et découvrir La Vie Culinaire https://www.lavieculinaire2.wordpress.com

 

 

 

 

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