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L’engouement pour le développement durable, le consommer mieux et surtout « responsable » semble davantage promis au succès que les différents anathèmes promus par les apôtres de l’interdit, un peu trop visibles ces derniers temps. Aussi visibles qu’inefficaces d’ailleurs. Mais passons, puisqu’il y a beaucoup plus intéressant et saluons même si elle peut surprendre l’initiative du chef Juan Arbelaez -six établissements en région parisienne- qui vient d’annoncer qu’il retirait le poulpe des cartes de tous ses restaurants. On aurait pu imaginer qu’il le fasse sans piper mot, mais il faut se faire à cette idée contemporaine qui veut que l’on « communique » sur ses bonnes actions . Pourquoi pas ? Dans le cas présent, c’est -nous dit-on- une association, No More Plastic, qui aurait accompagné le chef colombien dans sa prise de conscience. Une bonne prise de guerre puisque Juan est devenu très médiatique et que le poulpe, moins attirant qu’un bébé panda, a forcément besoin de supporters pour sauver sa peau. Car il s’agit d’une espèce menacée, particulièrement longue à se reproduire sur une période allant de mars à novembre. Or, il est aujourd’hui pêché de manière intensive et servi à la carte des restaurants toute l’année. Le risque ? Sa surconsommation menace d’entraîner à terme des effets dramatiques sur l’espèce : surpêche, appauvrissement des réserves, insécurité alimentaire et perturbation des écosystèmes existants. Et c’est tout ce que l’on ne veut surtout pas : il sera donc bien temps de retrouver le céphalopode et ses tentacules dans nos assiettes en décembre. C’est ce qui s’appelle respecter la saisonnalité. C’est vieux comme le monde mais c’est devenu – avec la mondialisation des échanges de marchandises- un principe très malmené.

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